On a jamais vraiment été, même lorsque ça caillait grave dehors et que dedans, c’était brulant, qu’il n’y avait d’autre à envisager que d’étreindre un rêve d’immortalité, jamais vraiment, les atomes un peu ici, un peu partis, un peu barrés, un peu trop loin, jamais vraiment, parfois quand même un peu frangin, les soirs où y avait rien d’autre à envisager que se mettre sur la corniche pour regarder tomber la nuit sur la ville, en se disant qu’on pourrait bien l’assiéger, rester là devant, jusqu’à ce que la douleur crève de faim, jusqu’à ce que la nuit exhale son parfum de matin. Et puis y avait cette saloperie de complicité, la route et la même destination. On les aimait les bougres et les ratés, pour les mêmes raisons, leur absence de pères et de repères, leurs passions et leurs colères, on se foutait bien de leur gueule aussi, lorsqu’ils marchaient de travers, qu’ils se vautraient dans les fossés. On les aimait aussi, les bêtes et leurs pupilles pleines de méfiance, qui donnent la confiance qu’on mérite. Bien sur, aussi, y avait les glandes, qui nous remontaient dans la gorge, qui nous filaient des glaires, des larmes, face aux carnages, face aux dilemmes, face à nous-mêmes, à vouloir nous tirer du piège de la culpabilité, aller jusqu’au bout d’une abstraction, préoccupé qu’on était par les histoires de conscience, poussé de l’intérieur vers un mur tagué de sang.
Chroniques
Publié par tom samel
dans la masse, un lupanar aléatoire pour y déterrer des rengaines, y balancer des mots qui michetonnent ou qui se reboutonnent, pour être visible dans l’ultra violé du net, dans l’arrière boutique du cyber immonde Voir plus d’articles