j’ai rêvé
l’amour était parfait
je me sers un café et je reviens sur ce matelas trop dur
comme un éphémère se colle au réverbère
j’entends quelqu’un qui s’approche
« qu’est-ce qui ne va pas ?
tu as perdu quelque chose ? »
« n’approchez pas où je tire ! »
et j’envoie une rafale
de pruneaux dans les murs
mais mon chargeur se vide et
des femmes en profitent
pour entrer
« je t’avais dit que cette lopette était encore au pieu »
elles
ont des mâchoires tuméfiées
et des valises vides sous les yeux
(des valises qui ne voyagent jamais)
« hé mec, tu voudrais pas ouvrir tes volets ? »
et elles consument leurs mégots dans l’obscurité
et l’écrasent sur leur peau
« je sais pas ce que j’ai ce matin, bordel de merde j’ai mal au dos »
elles
ont peut-être des raisons de se plaindre,
mais je préfère me dire
qu’elles ont mérité cette pauvreté
« cassez-vous, s’il vous plait »
« bah, fais pas ton rabat joie
allez mon vieux, dis-nous qu’est-ce qui va pas ? »
j’ai rêvé des femmes de Milo Manara
voilà ce qui va pas !